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Le POULAILLER

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Extraits du livre VIII de "De re rustica" de Columelle

De la construction des poulaillers.

"Les poulaillers doivent être établis dans la partie de la ferme qui est tournée vers l'orient d'hiver : ils seront attenants au four ou à la cuisine, afin que la fumée, qui est très salutaire aux volailles, puisse parvenir jusqu'à elles. On divise le lieu où on les nourrit, c'est-à-dire le poulailler, en trois compartiments contigus, dont, ainsi que je l'ai dit, toute la façade regarde l'orient.
Sur cette façade, on pratique un seul petit accès à la pièce du milieu, qui doit être la moins élevée des trois, et présenter en tout sens une étendue de sept pieds. On y ménage à droite et à gauche une communication avec les deux autres pièces, dans chacun des murs attenant à celui où se trouve l'entrée principale. On adosse à cette même muraille un foyer d'une proportion qui ne gêne point les passages indiqués, et duquel la fumée puisse parvenir dans l'une et l'autre pièce, qui ont douze pieds tant en longueur qu'en hauteur, et dont la largeur sera la même que celle de la première pièce.
On en divise l'élévation par un plancher qui laisse libre un intervalle de quatre pieds au-dessus et de sept au-dessous, le plancher absorbant un pied. Ces étages sont destinés aux poules, et éclairés, au levant, chacun par une petite fenêtre par laquelle les volailles sortent le matin pour gagner la basse-cour, et rentrent dans la soirée. Il faut avoir soin, pour la sûreté du poulailler, que ces ouvertures soient toujours fermées la nuit.
Entre les planchers, on ouvre des fenêtres plus grandes que les premières, et on les munit de barreaux pour que les animaux nuisibles ne puissent pas s'y introduire, de manière toutefois que ce lieu soit bien éclairé pour qu'il soit plus agréable aux poules. C'est par ces ouvertures que le gardien du poulailler surveille les couveuses et les pondeuses. Il convient, en outre, de donner aux murs assez d'épaisseur pour qu'on y ménage une rangée de nids où les poules puissent pondre leurs oeufs et faire éclore leurs poussins. Cette disposition est plus saine et plus élégante que celle qui est adoptée par certaines personnes, et qui consiste à établir des paniers d'osier sur des pieux solidement fixés dans la muraille.
Soit donc que les nids soient pratiqués dans l'épaisseur des murs, comme je l'ai dit, soit qu'on les forme de paniers d'osier, ils doivent être précédés d'un vestibule par lequel les poules puissent y parvenir, tant pour pondre que pour couver : car il ne faut pas qu'elles y arrivent en volant, de peur qu'en se jetant ainsi sur les oeufs, elles ne les cassent avec leurs pattes.
Ces oiseaux pourront monter au-dessus des planchers par les deux pièces désignées, au moyen de petits chevrons fixés à la muraille, qui offriront quelques légères aspérités en forme de marches, pour que les poules ne glissent point en venant se poser dessus. Au dehors, du côté de la cour, on fixera aussi, au-dessous des fenêtres dont nous avons parlé, de petites échelles par lesquelles les volailles iront chercher le repos de la nuit. Au surplus, nous aurons grand soin que ces poulaillers et les autres retraites dont nous allons parler bientôt, soient, à l'intérieur comme à l'extérieur, revêtus d'un enduit bien poli, afin que les fouines ou les couleuvres n'y puissent gravir, et qu'ils n'aient rien à redouter d'aucuns animaux nuisibles.
Il ne faut pas que les volailles, pendant leur sommeil, posent sur les planchers, de peur que leurs excréments ne les incommodent, et ne leur occasionnent la goutte en s'attachant à leurs pattes. Pour prévenir cet accident, on équarrit des perches, parce que, si elles restaient rondes et polies, l'oiseau qui vient se poser dessus ne pourrait s'y soutenir. On les fixe, ainsi taillées, dans les deux murs opposés, que l'on a percés à cet effet, de manière qu'elles soient élevées à un pied au-dessus du plancher, et distantes de deux pieds entre elles.
 
Telle sera la disposition du poulailler. Quant à la cour, dans laquelle les poules se promènent, il importe plutôt qu'elle soit exempte d'humidité que débarrassée des ordures. En effet, il est fort important qu'il n'y ait d'eau que dans le lieu où elles boivent, et que cette eau soit très propre : car l'eau sale leur donne la pépie. On ne peut pourtant la conserver pure qu'en la renfermant dans des vases faits exprès. Il existe aussi des augets de plomb que l'on remplit ou d'eau ou de nourriture ; l'expérience a fait préférer, pour cet usage, le bois ou la terre cuite.

On les ferme avec un couvercle, et, sur les côtés, au-dessus de la moitié de leur hauteur, on pratique de petites ouvertures distantes entre elles d'un palme, par lesquelles la tête de l'animal peut s'introduire : car, si ces augets n'étaient pas recouverts, tout ce qu'ils contiennent, soit d'eau, soit de nourriture, serait éparpillé par ses pattes. Il y a des personnes qui pratiquent ces ouvertures à la partie supérieure, sur les couvercles mêmes, c'est une mauvaise méthode : car l'oiseau, en se posant dessus, salit de ses fientes l'eau et les aliments."

 



 


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